Ouvrages d’art : investir pour enrayer leur dégradation et renforcer leur résilience face au changement climatique

Au-delà du constat qui est fait sur la dégradation de l’état des ponts et l’insuffisance des moyens alloués ces dernières années, leur exposition aux aléas climatiques est aussi une réalité. Pour rattraper le retard pris en matière d’investissement et réduire leur vulnérabilité, des sommes considérables devront être déployées pour remettre à niveau les ouvrages d’art.

Une dégradation qui se poursuit en raison de l’insuffisance de moyens alloués

Malgré les recommandations formulées en 2019 dans un rapport de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat, l’état des ponts routiers continue de se détériorer. Aujourd’hui, entre 30 000 et 35 000 ouvrages d’art se trouvent en mauvais état structurel, contre 25 000 recensés en 2019. Sur le réseau départemental, cela concerne 10% des ponts et au niveau communal il s’agit de 23% des ouvrages.

Les moyens déployés ne semblent plus suffire pour enrayer la dégradation du patrimoine. A titre d’exemple, en matière de diagnostic et de réhabilitation des ponts des collectivités territoriales, le retard accumulé depuis 2020 s’élèverait à 350 M€, par rapport à ce qui a été préconisé en 2019.

Un effort d’investissement nécessaire et urgent

Une étude réalisée par Carbone 4 chiffre le besoin en investissement pour remettre à niveau les ouvrages d’art sur l’ensemble du réseau routier à 434 M€ annuels sur la prochaine décennie (avec près des deux tiers à allouer au réseau local : métropoles et communes). Cette somme représente environ 5% de l’investissement réalisé sur l’ensemble du réseau routier en 2019.

Par ailleurs, en raison de l’intensification et de la multiplication des aléas climatiques (pluies intenses entraînant des inondations, glissements de terrain, etc.), les infrastructures en mauvais état structurel seront de plus en plus exposées et vulnérables. Les investissements dits « préventifs », pour remettre les ponts les plus à risque en bon état, ont été estimés à 12 milliards d’euros. Ces moyens doivent être mis en œuvre au plus vite, soit dans les 15 prochaines années, afin d’éviter la destruction d’infrastructures ou leur mise hors d’usage.