Mesurer sa consommation d’eau pour mieux l’économiser

A l’heure où les restrictions à l’usage de l’eau se multiplient en France, chacun à son niveau se doit de prendre des mesures pour utiliser au mieux la ressource. Sur les chantiers de Travaux Publics, la première étape est de mesurer sa consommation. On vous dit comment.

Installer un compteur d’eau provisoire sur un chantier ou dans une installation

  

Quelle que soit sa provenance, il est nécessaire d’adopter le réflexe de mesurer la quantité d’eau utilisée sur un chantier. Lors d’un raccordement de chantier sur le réseau de distribution d’eau, il est important d’installer un compteur d’eau, qui mesurera la quantité d’eau qui circule à travers un tuyau ou une canalisation. Cela permettra de surveiller et de contrôler facilement le débit d’eau, à des fins de facturation, de gestion des ressources ou de suivi de la consommation. 

Ce reflexe s’adopte également dans le cas d’un prélèvement dans les eaux superficielles ou souterraine. Ici, l’opération sera soumise à une procédure spécifique (régime IOTA, autorisation ou déclaration), mais il est pertinent de garder toujours une mesure des eaux prélevées pour limiter au maximum son impact sur les milieux aquatiques.

Enfin, les compteurs peuvent être utilisés sur des installations, comme les centrales d’enrobage ou les plateformes de recyclage. Il s’agit là d’un moyen simple et efficace d’avoir toutes les informations nécessaires sur sa consommation en eau, et donc d’avoir les moyens nécessaires pour réduire celle-ci.

Pour installer ce dispositif, il est nécessaire d’adresser une demande préalable auprès de son fournisseur d’eau afin qu’il puisse informer le gestionnaire du réseau de distribution d’eau. Dans le cas d’un raccordement provisoire sur chantier, la demande doit porter sur la date prévue pour le début et la fin des travaux, le type de raccordement souhaité et l’adresse exacte du chantier. 

De plus, avoir un compteur d’eau peut être nécessaire dans le cas d’un contrôle par les inspecteurs de l’environnement et peut servir de justificatif en cas de contrôle.

 

Repérer et lutter contre les fuites d’eau  

La mise en place d’un compteur d’eau permet ensuite de repérer de manière efficace les fuites d’eau dans les canalisations. Un débit trop important sera vite remarqué et pourra ensuite être traité. On estime aujourd’hui qu’il y a un 1 milliard de m3 d’eau perdus chaque année dans les réseaux d’eau.  

Le taux de fuite du réseau d’eau potable est estimé à 20% : c’est l’équivalent de la surface du lac d’Annecy qui est perdue chaque année. Il s’agit ici d’un levier simple sur lequel chaque entreprise peut agir pour réduire rapidement ses consommations d’eau, autant sur le chantier que sur un site.

Pour détecter les fuites, plusieurs actions peuvent être mises en place : 

  • Détection visuelle, avec des vérifications régulières autour des canalisations d’eau pour chercher des éventuelles traces de fuites (flaques, robinets qui gouttent, fissures, etc.) Pour cela, il est important de sensibiliser les différents acteurs du chantier, pour faciliter et communiquer sur les fuites repérées.  
  • Surveillance régulière des compteurs d’eau et des factures : une augmentation soudaine des consommations d’eau indiquées sur les compteurs ou du prix présent sur les factures est souvent synonyme d’une anomalie dans le réseau et donc d’une fuite
  • Test de pression : effectuer des tests de pression de manière régulière sur les systèmes d’eau, tels que les canalisations, les conduites d’irrigation ou les réservoirs permettent identifier les chutes de pression anormales qui peuvent indiquer une fuite. 

Calculer son empreinte eau

Pour aller plus loin que les mesures d’un compteur eau, il est possible pour une entreprise de calculer son empreinte eau : il s’agit d’une mesure de la quantité totale d’eau nécessaire pour produire des biens et des services ou pour faire fonctionner des organisations, ainsi que pour absorber la pollution des eaux générée par ces activités. Cet indicateur comprend donc l’eau utilisée de manière directe et indirecte : à la fois pour produire les produis et matériaux de construction, et également pour les mettre en œuvre sur un chantier de Travaux Publics. Les méthodes de calcul utilisée sont ici similaires à celles du bilan carbone.

Les plus connues sont celles du Water Footprint Network (« Water Scarcity Indicator »), la méthode dite Pfister (« Water Stress Index ») et la méthode AWARE (« Relative Available Water Remaining »).

La méthode du Water Footprint Network est la plus médiatisée, et va distinguer les eaux selon trois catégories :

  • L’eau bleue c’est-à-dire l’eau de surface, souterraine ou des réseaux qui est pompée ou captée pour être utilisée dans la production de biens et de services.
  • L’eau verte, c’est-à-dire eau de pluie stockée dans le sol, incorporée dans les végétaux, transpirée ou évaporé.
  • L’eau grise, c’est-à-dire les volumes d’eau nécessaire au traitement et à la dépollution des eaux dégradées par la production du bien ou de l’activité étudiée.

Ces trois types d’eaux sont ensuite additionnés pour obtenir l’empreinte eau globale. Cette mesure est pertinente, car elle permet de comptabiliser l’impact sur la ressource en eau d’une activité dans sa globalité, depuis sa phase de préparation, jusqu’à la gestion de ses déchets le cas échéant.

Cette démarche est encore peu utilisée aujourd’hui. Cette méthode trouve principalement son application dans l’industrie et dans la production de bien, mais l’on peut aisément imaginer son application pour une activité de Travaux Publics. Par exemple : calculer l’empreinte eau d’un chantier est une mesure pertinente du fait de ses différentes étapes et de ses nombreuses interactions avec les milieux. On considérera alors d’une part l’eau utilisée sur le chantier, mais également l’eau nécessaire pour produire les matériaux utilisés sur le projet, ou pour la gestion et le traitement des déchets de chantiers.